De bastion en bastion, d’église en cathédrale, Lectoure, Auch, Saint Créac, les tomates cœur de bœuf et concombres biscornus, fromages de brebis frais, miel, ail gersois et oignons rouges, les rues sont silence, sieste, écrasées de chaleur et courant vers les plaines roussies percées de toits rouges et de bosquets sombres piqués de cyprès. Melons. Chats. Homme tatoué sciant sa planche. Aux fenêtres les volets clos et les dentelles de fer forgé.
Le soir, j’enfile une robe constellée d’aigrettes de diffraction pour prendre par la main une foule interloquée par Aurélien Barrau. J., mon vieux prof d’école me glisse : « Ne l’écoute pas trop. C’est toujours difficile de parler après lui, il a tellement l’habitude de causer, il harangue les foules. » Je lui réponds en souriant tranquillement dans la pénombre : « Je n’ai pas de problème avec ça. »
J’ai autre chose à partager qu’Aurélien Barrau – j’entre dans les projecteurs et je pose ma voix ; les gens, je voudrais les transporter doucement dans la poétique joyeuse de notre science, leur conter ce que nous sommes réellement, sans superflu, sans fioritures déclamées.
Sur la pelouse à la sortie, les garçons regardent les anneaux de Saturne au télescope. Il est bientôt minuit, K. est fatigué, il s’endort dans la voiture, A. raconte la chouette effraie et la chevêche d’Athéna qu’ils ont vues au gîte au couchant, pendant ma conférence. L’été suit son cours dans les petits hoquets d’un moteur du siècle dernier.





