Au matin, quand je suis sortie, la glycine coulait, coulait, coulait, parfumée, et la lumière collait sa pâte sur un pan de mur. A., je vais le chercher à l’école, il met une chemise, troque ses baskets contre de jolies chaussures, peigne ses cheveux mi-longs ondulés à la Beethoven [sic], et nous partons pour son audition d’entrée au Conservatoire.
Les parents attendent dehors, sur une petite chaise. Comme dans Billy Elliot, me dis-je. Une prof émerge, vous dit de patienter, emmène votre enfant dans les entrailles d’un jury qui tire la tronche.
Sur la petite chaise, je ré-écris à la hâte une interview pour un journal – et je pense
c’est le premier d’une longue série (?), nous emmènerons A. dans des auditions, où nous attendrons dehors que son avenir se décide ; avant, pour avaler son trac, il pianotera sur la table devant ses partitions crayonnées, et le ciel aura cette lumière,
quand il sortira, j’aurai envoyé mon article révisé avec mes éternels messages d’espoir dans ce monde sanguinolent ; il me racontera – je répondrai : tu as vu, c’est comme dans Billy Elliot,
puis tranquillement : Toi tu fais ta partie, et la vie ensuite s’en saisit, te guide, tu la guides, c’est une éternelle itération — et tu verras, quoi qu’il arrive c’est toujours très bien
Son : Wolfgang Amadeus Mozart, Maria João Pires, Piano Sonata No. 16 in C Major, K. 545 « Sonata facile »: II. Andante, 1989
