Le couple infernal [Acte I, scène 5]

Fin d’après-midi, dans un RER B vers le Sud parisien, pas trop plein (heureusement).
L’ÉDITEUR et L’AUTRICE debout à côté d’une fenêtre, s’engueulant pour l’édification de toute la rame.

L’AUTRICE : Je ne comprends pas pourquoi tu prends ça à cœur comme ça.

L’ÉDITEUR : Je découvre que j’ai été un mauvais éditeur absent, que tu n’aimes pas la couv’, le titre, que je n’aurais pas été sensible à la poésie de ton texte… Ça fait beaucoup.

L’AUTRICE : Je n’ai jamais dit que tu avais été un mauvais éditeur ! De toute façon, comment est-ce que tu peux me faire croire que tu es sensible à la poésie de mon texte [si tant est qu’elle existe, ne nous emballons pas, NDLR], lorsque tu biffes mes « trains suspendus comme des jardins de bois » ? Et que tu transformes mon « à choisir je préfère vivre peu mais beau, bref mais intense » en « peu mais avec brio, brièvement mais intensément » ?

L’ÉDITEUR : Tu résumes tout mon travail d’édition en deux formules !

L’AUTRICE : Les meilleures. Étienne Klein a cité l’une dans son émission, Pierre Barthélémy l’autre quand il m’a interviewée pour son article.

L’ÉDITEUR : Oui, c’est sûr que si Étienne Klein et Pierre Barthélémy…

L’AUTRICE : Tu es jaloux, c’est tout. (Les portent du RER s’ouvrent à la station.) C’est ta station.

L’ÉDITEUR : Je t’accompagne.

Son : un peu de pop pour changer, avec Mika, Happy Ending, dans l’excellent Life In Cartoon Motion, 2007

Woody Allen & Diane Keaton in Manhattan Murder Mystery, 1993