Digging Shelters and Key Labs

Les jours se suivent et sont de toutes les couleurs. Des rouges chaleureux aux sangs et aux bleus.

Le 20 janvier, Trump fait son discours d’investiture, et moi le mien à mon laboratoire. L’intention était différente, mais la réception probablement similaire. Les gens sont troublés parce que le monde change.

Je me demande si Trump a une quelconque profondeur. Je me demande si le président du CNRS a une quelconque profondeur. Le second incomparablement plus que le premier, j’ose croire – qu’avec une éducation française et dans une telle sphère intellectuelle, il n’est pas seulement un pion déstructurant posé par le gouvernement (?).

Moi je repense toujours à Monsieur l’Ambassadeur, qui se penchait vers moi pour me confier sa surprise de trouver l’âme humaine présente sous la carapace politique. J’ai cueilli en moi ce secret-là, et je me garde de juger les personnes visibles qui parlent, ne parlent pas, font ou ne font pas.

Or l’Histoire ne retient pas les états d’âmes que l’on tait, mais les actes. Et pour cause. L’éclatement de la raison pour plonger dans le chaos, la guillotine des choses qui marchottent par épuisement des envies et des rêves. Des mesures et démesures différentes. Mais qui viennent toutes s’ancrer dans le même flot d’un monde dur, sans amarres, où les codes ont été jetés, effacés, perdus. Alors l’angoisse du changement et le désir de modernité dans une mixture schizophrène, dans des amalgames au souffle court, aux poils ras.

Qui croit encore à notre mesure, notre démesure à l’échelle de l’Univers, à notre raisonnement, à nos désirs d’apaisement, d’écoute humaine et scientifique ? Qui croit aux mécanismes de notre bulle huilée à coups de mains tendues et de cerveaux entrelacés ? Qui croit encore – même parmi nous – que nous sommes, nous qui composons la science fondamentale, un dernier refuge de la diplomatie ?

Son : Neil Halstead, Digging Shelters, Palindrome Hunches, 2012


Collage : China Marsot-Wood